Territoires et frontières – Présentation

Un territoire est appropriable, possède des limites et porte un nom. Un territoire est un espace pensé, dominé, désigné. Il est un produit culturel. Un territoire est également inscrit dans les lois où sont circonscrites des zones dotées du même droit contre de nouvelles configurations territoriales, concurrentes, et parfois rivales.

Mais souvent les territoires se recoupent, se superposent, s’encastrent, se tournent le dos, s’entre-réseautent, bref, ils ne sont pas simplement administratifs. Ils expriment les nouveaux modes de vie de citoyens aux mobilités réelles et virtuelles.

Thierry Paquot, Qu’est-ce qu’un territoire, Cairn.info

« Vous êtes ici. » Questionnons-le « ici » et l’ « ailleurs ». On forme un CHEZ SOI avec son territoire, sa propriété, son sol, le lieu où on naît, où on vit, où on aspire à vivre. On forme un chez soi dans l’enracinement dans un sol et dans la migration. Questionner les rencontres de deux mondes : celui que nous connaissons ici, peuplés de gens d’ici et ceux que nous connaissons moins ou peu, avec des gens qui viennent d’ailleurs. La rencontre entre des univers différents permet d’entendre un autre point de vue que le sien. C’est dans la rencontre avec un monde différent du nôtre que nous avons choisi de réfléchir avec les enfants sur le sens des frontières, des territoires et des refuges.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts »

Isaac newton

« Don’t Cross the Bridge Before You Get to the River », Francis Alÿs

Un projet mené dans le cadre du partenariat privilégié de PhiloCité avec des acteurs scolaires et culturels a permis de créer des ponts entre des mondes différents : celui d’enfants de 8-10 ans et de migrants adultes. Dans deux institutions – l’école des Érables et l’asbl Le Monde des Possiblesdes ateliers philo ont eu lieu sur les sujets du territoire et des migrations. De cette pratique d’ateliers en parallèle, une idée est née : faire se rencontrer les publics à travers une correspondance sonore, puis lors d’une visite sur le territoire de l’asbl Le Monde des Possibles pour jouer ensemble.

Nous vous relatons cette correspondance et cette rencontre dans 7 articles :

Lire le journal de correspondance entre les enfants de l’école des Érables et les adultes du Monde des Possibles

Voir et entendre « Fuir et survivre, une première lettre sonore »

Entendre « Migrer : extraits de lettres sonores« 

Voir une théière en voyage

Découvrir les rêves d’un migrant

Voir et entendre « En jeux »

Entendre « Après la rencontre », les retours de Siham, formatrice au Monde des Possibles, et de Sarah, institutrice aux Érables

L’artiste photographe Jean Revillard permet aussi de questionner cette rencontre avec le monde des migrants. Dans le livre « Jungles », Revillard a photographié pendant deux ans la communauté des migrants stationnés à Calais, dans le Nord de la France, qui attendaient un hypothétique passage en Angleterre. Ce faisant, il voulait dénoncer les conditions de vie indignes d’un état de droit.

Pour Jean Revillard, notre regard sur les migrants doit changer. Radicalement. Il photographie comme on prend des notes. Il fait un travail de mémoire. Son travail se veut aussi être un travail de résistance pour rendre compte de la recherche de l’idéal de liberté que poursuivent les migrants.

Voir le livre animé d’Eugénie « Les couleurs » : « Y aura-t-il un jour un moment où j’aurai trouvé ma couleur ? »

Imaginer que nous changeons de point de vue : « Si j’étais… qu’est-ce que cela changerait dans mon rapport au monde ? »

Voir et entendre le livre animé d’Odile : la prosopopée d’une « cabane » de la jungle de Calais

S’interroger sur les territoires par la porte d’entrée des politiques migratoires permet de questionner le chez soi lié à l’habitat enraciné au sol national, à un habitat fixe ; de questionner le chez soi lié aux déplacements, aux migrations ; de questionner l’ici et l’ailleurs.

  • Qu’est-ce qui se passe quand on n’a pas de chez soi ?
  • Qu’est-ce qui passe quand on doit partir, quitter, fuir son « chez soi » ?
  • Peut-on habiter (et se sentir chez soi) dans un endroit qui n’est pas toujours le même ?
  • Comment, alors qu’on a un chez soi ailleurs, fait-on exister un chez soi ici ?
  • Comment fait-on pour se faire sa place quand on n’a pas les droits liés à l’appartenance nationale ? Comment se crée-t-on un refuge ?
  • Quelles sont les raisons qui poussent les gens à partir de chez eux ? Pourquoi certains ont-ils la liberté de se déplacer là où ils le veulent et d’autres pas ?
  • Comment fait-on pour découvrir un autre monde dont on imaginait pas l’existence ? Comment changer de point de vue pour comprendre d’autres réalités que la nôtre ?

Remerciements

Nous tenons à remercier les instituteurs de la 3ᵉ maternelle à la 6ᵉ année primaire de toutes les écoles participantes au projet et les directions d’école qui ont permis d’organiser des ateliers philo dans les classes.

Merci aux enfants de chaque atelier pour leur curiosité, leur confiance et leur volonté de traduire leur réflexion avec nous, de toutes les manières possibles !

Ce beau projet de correspondance sonore a pu voir le jour grâce au soutien de Sarah, institutrice à l’école des érables, qui a manifesté son enthousiasme à chaque étape et son profond intérêt pour cette rencontre qui allait nourrir de belles valeurs chez chacun de ses élèves. Siham, professeur de français, a œuvré patiemment au sein de l’association « Le Monde des Possibles » pour que chaque apprenant puisse comprendre et rencontrer des enfants curieux de leurs parcours.

Quant aux enfants de 3ᵉ et 4ᵉ année, ils étaient désireux d’apprendre, de comprendre et de réfléchir sur le problème épineux des migrations. La qualité de leur écoute et de leur accueil était remarquable. Et enfin les adultes apprenants ont cherché par tous les moyens à faire entendre un discours de franchise à partir de leur histoire singulière.

Merci !