Le chez soi des animaux – Présentation

Nous vous proposons d’entrer dans les mondes des animaux – les mondes parce que la manière dont la fourmi perçoit le milieu dans lequel elle évolue n’est pas le même que celui du loup ou du tyrannosaure.

Qu’est-ce que le « chez soi » pour les animaux ? L’éthologue Vinciane Despret nous entraîne dans un voyage dans les différentes façons dont les animaux envisagent le chez soi : comme une extension de son corps – pensez à l’escargot ; comme un territoire marqué par des traces (crottes, poils…) – pensez au loup ; un territoire marqué par les chants avec les oiseaux… Mais aussi un chez soi comme un chez nous, un lieu de collectivité avec une organisation sociale, d’une même espèce ou entre plusieurs espèces – pensez aux élevages de pucerons par les fourmis.

Lire des extraits de Vinciane Despret, Le chez-soi des animaux (Éd. Actes Sud, 2017)

Écouter Vinciane Despret interrogée par la Brigade d’Intervention Philosophique (partie 1)

Écouter Vinciane Despret interrogée par la Brigade d’Intervention Philosophique (partie 2)

S’interroger sur les territoires par la porte d’entrée éthologique permet de penser ensemble le territoire humain et non humain. Les questions sont nombreuses et couvrent les champs disciplinaires de l’éthologie bien entendu, mais aussi de l’anthropologie et l’ethnologie :

  • Quelle est la place de l’homme dans la nature ?
  • L’homme s’approprie-t-il son territoire comme le font les animaux ? Qu’est-ce qui marque nos territoires humains ?
  • Comment l’homme fait-il exister un « chez soi » ? De quoi cela dépend-il ?
  • Pouvons-nous habiter n’importe où ?
  • Comment se façonne le territoire humain ? Jusqu’où s’étend-il ? Qui laissons-nous y entrer ?
  • Quel type d’organisation les territoires révèlent-ils ? Comment les habitats des animaux se construisent-ils ? La construction dépend-elle de la façon de vivre en groupe ?
  • Un même animal peut-il habiter de différentes manières au cours de son existence ? Et un humain ?
  • Serait-il possible d’habiter une maison d’une autre société ? D’une autre espèce animale ?
  • De quels repères aurions-nous besoin pour habiter chez quelqu’un d’autre ? Pour habiter ailleurs ?
  • Pourquoi décider de collaborer/coopérer/vivre en symbiose/… avec une espèce particulière ?
  • De la cabane sur l’eau à la maison portable, de la cathédrale climatisée à la cité-dortoir mises au point par les animaux sauvages pour se mettre à l’abri et élever leurs petits…

Le chez soi des animaux permet d’interroger tout à la fois : l’habitat, les frontières, l’organisation sociale au sein des territoires, les symbioses…

Les incroyables habitations de l’album jeunesse « Animaux architectes » de Daniel Nasser et Julio Antonio Blasco, ont servi de modèles aux enfants. Aussi ont-ils joué avec les terriers, les galeries, les toiles, les fourmilières, les nids… en multipliant les techniques graphiques à la manière de Geneviève Casterman : en donnant le plus de détails possibles, avec tout ce qu’il y autour, en zoomant ou en dé-zoomant, sans lever le crayon du papier, en répétant plusieurs fois le même motifs, avec des chiffres, etc.

Voir les dessins des enfants de 1ʳᵉ et 2ᵉ années de l’école des Érables à Liège

Voir la présentation des enfants de 2ᵉ année de l’école Saint-Martin d’Assesse

Penser les habitats animaliers comme des constructions se prête remarquablement bien à la découverte d’une espèce particulière : les fourmis. Pour rendre compte de cet autre monde, juste à côté du nôtre, nous avons envisagé la structure visible et la structure souterraine des fourmilières, l’organisation sociale de ces insectes ou encore la multitude de leurs stratégies d’adaptation à l’environnement. Puis les enfants ont repensé l’habitat animalier en gommettes : comment il était construit et dans quel environnement.

Les dessins de gommettes des enfants de 3ᵉ année maternelle de l’école des Érables à Liège

On voit rarement un habitat isolé. Dès qu’il est question de « chez soi », il est vite question de « chez nous ». Comment l’habitat qu’on construit coexiste-t-il avec les autres habitats ? Comment habiter ensemble ? Comment une rencontre est-elle possible ? Sous quelles modalités ?

Les enfants du cycle 5-8 ans ont été aidés dans leur réflexion par le très bel album « Chez nous » de Carson Ellis. L’autrice nous fait voyager partout sur terre, dans les mondes humains et non humains. Avec elle, on apprend à scruter les petits détails, à comparer des habitations complètement différentes, à chercher celle qui ressemble le plus à la nôtre… à créer des histoires et imaginer de drôles de rencontres entre des humains et des animaux qui vivent dans des univers différents.

Découvrir les livres animés des enfants de 3ᵉ année maternelle de l’école des Érables à Liège :

Le livre de Marie-Lou

Le livre de Maé

Le livre d’Oskar

Obliger de rester « chez soi »…

Comment garder un lien avec la nature depuis son balcon ou sa fenêtre ? Quels effets le confinement a-t-il sur la biodiversité ? Comment la nature peut-elle venir à nous, notamment par les oreilles ?

En avril, alors que les écoles étaient désertes, nous avons proposé de contacter la nature depuis chez soi. Les enfants ont observé et dessiné des animaux depuis leur fenêtre.

Voir les dessins des enfants de 3ᵉ année maternelle de l’école des Érables à Liège

Remerciements

Nous tenons à remercier les instituteurs de la 3ᵉ maternelle à la 6ᵉ année primaire de toutes les écoles participantes au projet et les directions d’école qui ont permis d’organiser des ateliers philo dans les classes.

Merci aux enfants de chaque atelier pour leur curiosité, leur confiance et leur volonté de traduire leur réflexion avec nous, de toutes les manières possibles !

Merci à Monsieur André Burnel, ornithologue, qui nous a proposé une visite guidée le 16 décembre 2019 à la découverte des oiseaux, des bruits de la nature et de la ville de Liège.